« Il est temps de faire le ménage à Kanesatake », dit le maire d’Oka
« Cela fait plusieurs années que je demande à la SQ d’agir sur le territoire, surtout depuis la légalisation de la marijuana. C’est comme un bar ouvert pour le crime organisé qui peut y vendre du cannabis presque légalement », a réagi le maire d’Oka, Pascal Quevillon, après le meurtre d’Arsène Mompoint.
Le chef de gang, considéré par la police comme un acteur influent du crime organisé montréalais et un contractuel pour la mafia et d’autres groupes criminels, a été abattu de plusieurs balles jeudi après-midi dans un magasin de cannabis du territoire autochtone de Kanesatake.
La Sûreté du Québec, chargée de l’enquête, a retrouvé vendredi un véhicule incendié à Oka dont la description correspond au véhicule qu’aurait utilisé le tueur. Elle a également publié une photo de ce dernier.
« Je ne sais pas pourquoi M. Mompoint a été assassiné. Est-ce que c’est une vengeance, une guerre de territoire ou autre chose ? Mais je ne suis pas heureux qu’un tel évènement soit survenu près de chez nous. C’est très insécurisant pour nos citoyens », a ajouté le maire d’Oka en entrevue avec La Presse.
M. Quevillon espère que « les gouvernements fédéral et provincial vont agir » pour régler le problème de la présence du crime organisé sur le territoire autochtone et des cabanes de vente de cannabis qui pullulent sur la route 344.
Il milite pour la création d’une escouade policière mixte bien équipée qui puisse entrer sur le territoire pour « faire le ménage ». Il n’exclut pas que des policiers autochtones puissent faire partie de cette escouade. Il croit qu’un corps de police autochtone pourrait éventuellement être créé sur le territoire, mais pas avant que « le ménage ait été fait, car actuellement, il ne durerait pas une semaine », dit-il.
M. Quevillon, qui a vécu et grandi à Oka, dit avoir constaté une « évolution négative » à Kanesatake depuis la crise de 1990, plus particulièrement depuis que l’ancien chef James Gabriel a été chassé du territoire et que sa maison a été incendiée au début des années 2000. Il croit qu’une autre étape a été franchie après la légalisation de la marijuana il y a quelques années.
Arsène Mompoint, 47 ans, aurait été abattu de plusieurs projectiles d’arme à feu à la tête tirés par un individu au visage caché, alors qu’il se trouvait dans un magasin de cannabis, le Green Room, sur le rang Saint-Michel (ou route 344) à Kanesatake.
Selon nos informations, Mompoint était attablé avec d’autres individus lorsque le suspect s’est approché tranquillement de lui par-derrière, a sorti une arme de poing de sa poche et a ouvert le feu avant de prendre la fuite à pied.
Vendredi matin, la Sûreté du Québec a annoncé avoir retrouvé, à Oka, un vieux VUS de marque Ford de couleur claire incendié, qui pourrait être le véhicule utilisé par le meurtrier. Des expertises le confirmeront. Le véhicule a été retrouvé dans un secteur isolé du rang Sainte-Sophie, à une dizaine de kilomètres des lieux du meurtre.
À une certaine époque, incendier un véhicule ayant servi à commettre un meurtre était considérée par la police comme la marque des bandes de motards.
La SQ a aussi publié une image du suspect, un homme qui portait une casquette noire, un kangourou à capuchon gris, un pantalon noir et dont le visage était couvert d’un bandana gris.
L’individu a vraisemblablement été capté par des caméras de surveillance, notamment au Green Room. Il pourrait avoir agi seul au moment du crime, mais pourrait avoir été recueilli par un complice après l’abandon possible du véhicule de fuite.
Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.